Les infirmières praticiennes, source d’importantes économies pour les établissements de soins de longue durée du Québec
Aux quatre coins du monde, les pays peinent à répondre aux besoins croissants en services de soins de longue durée en raison du coût élevé qui y est associé. Une étude étude dirigée par des chercheurs de l’Université McGill et de l’Université du Québec en Outaouais révèle que l’introduction d’infirmières praticiennes pourrait réduire les coûts et améliorer la sécurité des patients de manière considérable.
Selon l’étude, publiée dans la revue Nursing Outlook, les économies réalisées grâce à la prise en charge des événements indésirables par les infirmières praticiennes des établissements se chiffreraient entre 1,9 et 3,2 millions de dollars dans les six (6) CHSLD étudiés, notamment grâce à la réduction du temps consacré à l’administration des soins infirmiers liés aux médicaments. Une fois en poste, les infirmières praticiennes se sont occupées de la gestion des médicaments des patients et des événements indésirables, tels que les chutes, les escarres et les transferts à l’hôpital pour une courte durée.
« La plupart des études réalisées dans le monde portent sur la qualité et sur la sécurité des soins de longue durée. On connaît peu de choses au sujet des retombées économiques des soins prodigués par les infirmières praticiennes, notamment au Québec, où la profession n’est apparue que récemment », indique Kelley Kilpatrick, coauteure de l’étude et professeure agrégée à l’École de sciences infirmières Ingram de l’Université McGill. Cette étude est la première à se pencher sur les économies réalisées grâce aux infirmières praticiennes, dont le travail a permis de faire diminuer le nombre d’événements indésirables.
Un projet pilote réussi
Aux États-Unis et dans certaines provinces du Canada, la profession d’infirmier praticien a été créée dans les années 1960. Toutefois, elle n’a fait son apparition que récemment au Québec, en raison des différences réglementaires de la province. Jusqu’au début de l’année 2019, seul un médecin était habilité à poser un diagnostic. Ces lois font présentement l’objet d’une révision.
En 2015, le Québec a lancé un projet pilote dans le cadre duquel plusieurs infirmières praticiennes ont été déployées dans six (6) CHSLD. Ces professionnelles, qui ont suivi une formation de deuxième cycle spécialisée en soins de santé primaires, travaillent en collaboration avec des médecins ainsi qu’une équipe interprofessionnelle, et sont chargées d’évaluer l’état des résidents, d’ajuster leur traitement, de prescrire des examens paracliniques et d’en interpréter les résultats, et de prodiguer des soins continus aux patients atteints de maladies chroniques.
« Au bout du compte, ce que démontrent nos travaux, c’est que lorsque les infirmières praticiennes, les médecins et le reste de l’équipe soignante travaillent en étroite collaboration, c’est l’efficacité de l’ensemble des membres de l’équipe dans leurs fonctions respectives qui s’en voit rehausser », explique la Pre Kilpatrick, qui est également chercheuse au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, faisant partie du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal.
Les chercheurs indiquent qu’en 2050, 16 % de la population mondiale, soit 1,5 milliard de personnes, sera âgée de 65 ans ou plus. Face aux besoins grandissants de cette tranche de la population, les pays doivent mettre en œuvre des méthodes novatrices pour améliorer leurs services de soins de longue durée.
« Les infirmières praticiennes font partie de la solution face aux besoins croissants en matière de soins de longue durée de qualité. Elles jouent un rôle déterminant dans la qualité des soins qui sont offerts aux résidents des CHSLD et dans la réduction des coûts », explique Éric Tchouaket, coauteur et professeur au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec en Outaouais.
L’étude
« Effectiveness for introducing nurse practitioners in six long-term care facilities in Quebec, Canada: A cost-savings analysis », par Éric Tchouaket, Kelley Kilpatrick et Mira Jabbour, a été publiée dans la revue Nursing Outlook. Cette étude a été subventionnée par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.
DOI : http://doi.org/10.1016/j.outlook.2020.06.002
L’Université McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.