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Les groupes défavorisés victimes des réductions de service de transport en commun pendant la pandémie

Selon une étude sur plusieurs sociétés de transport collectif en Amérique du Nord, les réductions de service pénalisent davantage les populations à faible revenu et les personnes défavorisées
Publié: 16 September 2020

En raison de la pandémie de COVID-19, les sociétés de transport collectif en Amérique du Nord ont modifié de manière substantielle leur offre de services, notamment en réduisant la fréquence de passage dans de nombreux secteurs et en l’augmentant dans d’autres. Une étude récente de l’Université McGill indique que, dans bien des cas, ces modifications – et plus particulièrement les réductions de service – ont eu davantage de répercussions dans les quartiers où vivent des populations à faible revenu et des groupes défavorisés.

Les chercheurs ont comparé les modifications apportées au transport en commun dans 30 villes américaines et 10 villes canadiennes, puis ont établi des liens entre ces modifications, d’une part, et le revenu moyen ainsi que le profil sociodémographique (par exemple le niveau d’instruction et le taux de chômage), d’autre part. L’étude a été publiée dans la revue Transport Findings.

« La baisse soudaine de la fréquentation des transports en commun a entraîné de grandes difficultés financières et opérationnelles pour les sociétés de transport, au moment même où, paradoxalement, ce service prenait toute son importance, puisqu’il permettait de transporter des travailleurs essentiels, souvent des personnes à faible revenu qui ne disposaient pas d’autres options de transport », fait observer James DeWeese, auteur principal de l’étude et adjoint à la recherche en urbanisme à l’Université McGill.

Des réductions de service inéquitables

Les modifications de service substantielles diffèrent d’une ville à l’autre. « De nombreuses sociétés de transport en commun n’ont pas tenu compte des facteurs d’équité et ont réduit les services dans des quartiers à faible revenu où vivent des populations défavorisées », explique Ahmed El-Geneidy, coauteur de l’étude et professeur à l’École d’urbanisme de l’Université McGill. Parmi ces villes figurent Cincinnati et Toronto. « Les réductions de service ont été moins importantes dans les quartiers à forte concentration de groupes défavorisés dans quelques villes seulement, comme San Francisco et Portland. »

Ces quelques villes plus compréhensives ont eu recours à différentes méthodes, soulignent les chercheurs. Ainsi, tandis que certaines ont opté pour l’équité verticale (en offrant un niveau de service supérieur à ceux qui en avaient besoin), les autres ont plutôt adopté une démarche horizontale (en appliquant les mêmes modifications de service pour tout le monde). New York, Los Angeles et Miami ont augmenté, ou réduit, les services quasi uniformément, sans égard au revenu.

Selon le Pr El-Geneidy, il convient de revoir la façon dont on applique les réductions de service de sorte à garantir que les populations défavorisées – forcées de se déplacer pendant la pandémie – ont accès au transport en commun dont elles ont besoin. L’équipe entreprend de nouveaux travaux dans le but de comprendre les raisons qui ont motivé ces décisions et d’explorer des pistes de solutions pour que les réductions de service ne nuisent ni aux populations à faible revenu ni aux personnes défavorisées, dont bon nombre sont des travailleurs essentiels.

L’étude

L’article « A Tale of 40 Cities: A Preliminary Analysis of Equity Impacts of COVID-19 Service Adjustments across North America », par James DeWeese, Leila Hawa, Hanna Demyk, Zane Davey, Anastasia Belikow et Ahmed El-Geneidy, a été publié dans la revue Transport Findings.

DOI : https://doi.org/10.32866/001c.13395

L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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