Les émissions de CO2 d’origine volcanique en cause dans les changements climatiques du Trias
Selon une étude récente, l’activité volcanique est directement responsable des changements climatiques extrêmes de la fin du Trias, qui ont anéanti près de la moitié des espèces peuplant la Terre il y a 201 millions d’années. La quantité de dioxyde de carbone (CO2) relâchée dans l’atmosphère lors de ces éruptions est comparable à la quantité de CO2 que devrait produire l’activité humaine pendant l’ensemble du xxie siècle.
L’extinction de la fin du Trias a longtemps été imputée à de profonds changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer. La Terre était alors le théâtre d’une activité volcanique à grande échelle dans ce qu’on appelle la « province magmatique centre atlantique », mais la responsabilité directe de ces éruptions dans l’extinction ne fait pas l’unanimité. Or, lors d’une étude publiée dans Nature Communications, une équipe internationale de chercheurs – dont Don Baker, professeur au Département des sciences de la Terre et des planètes à l’Université McGill – a trouvé des traces de bulles de CO2 emprisonnées dans des roches volcaniques datant de la fin du Trias. Voilà qui vient étayer la théorie voulant que l’activité volcanique ait contribué aux changements climatiques dévastateurs possiblement à l’origine de cette extinction massive.
Les changements environnementaux provoqués par les émissions de CO2 d’origine volcanique à la fin de l’âge triasique pourraient être semblables à ce qui nous attend dans un proche avenir, avancent les chercheurs. En analysant les minuscules bulles de gaz formées par exsolution dans la roche, l’équipe estime que la quantité de CO2 libérée lors d’une seule éruption – soit à peu près 100 000 km3 de lave crachée sur une période de 500 ans – équivaut probablement à la quantité totale de CO2 que produira l’activité humaine au xxie siècle, dans l’hypothèse d’une hausse de la température terrestre de 2 °C par rapport au niveau antérieur à l’ère industrielle.
« Bien que nous ne puissions pas quantifier avec précision le dioxyde de carbone libéré dans l’atmosphère lors de ces éruptions volcaniques, la corrélation entre cette injection naturelle de dioxyde de carbone et l’extinction de la fin du Trias devrait nous servir d’avertissement. La simple possibilité, si minime soit-elle, que le dioxyde de carbone actuellement rejeté dans l’atmosphère puisse provoquer une grande extinction est pour moi un motif de préoccupation », conclut le Pr Baker.
L’étude
L’étude « Deep CO2 in the end-Triassic Central Atlantic Magmatic Province », par Manfredo Capriolo, Andrea Marzoli, László E. Aradi, Sara Callegaro, Jacopo Dal Corso, Robert J. Newton, Benjamin J. W. Mills, Paul B. Wignall, Omar Bartoli, Don R. Baker, Nasrrddine Youbi, Laurent Remusat, Richard Spiess et Csaba Szabó, a été publiée dans la revue Nature Communications.
DOI : https://doi.org/10.1038/s41467-020-15325-6
L’Université McGill
Fondée en 1821, l’Université McGill accueille des étudiants, des professeurs et des employés d’exception de partout au Canada et du monde entier. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités du Canada et du monde. Établissement d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs.
Son adhésion au développement durable ne date pas d’hier : il remonte à des dizaines d’années et se déploie à l’échelle tant locale que planétaire. Comme en témoignent les énoncés de durabilité qu’elle a signés, l’Université souhaite contribuer à façonner un avenir où l’être humain pourra s’épanouir dans le respect de la planète.