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Les dangers du tabagisme durant la grossesse

Plus de 9 millions d’accouchements révèlent les effets du tabagisme sur la santé fœtale
Publié: 20 September 2021

Les mères qui fument sont plus susceptibles de donner naissance à un bébé de faible poids (même après une grossesse à terme), ce qui augmente les risques d’anomalies congénitales et de troubles neurologiques plus tard dans la vie, selon des chercheurs de l’Université McGill. L’équipe de chercheurs – dont font partie le professeur adjoint Michael Dahan et Ido Feferkorn, du Centre universitaire de santé McGill – s’est intéressée aux effets du tabagisme sur plus de neuf millions d’accouchements aux États-Unis sur une période de 11 ans. Il s’agit d’une des plus vastes études sur le sujet à ce jour.

Entretien avec Michael Dahan et Ido Feferkorn

Quel était l’objet de votre recherche?

Le tabagisme est un des facteurs de risque modifiables les plus importants pour la santé. Bien que considéré comme susceptible d’augmenter une multitude de risques, le tabagisme durant la grossesse n’avait fait l’objet que d’études de petite envergure, comportant rarement plus de 5 000 fumeuses. Dans notre étude, nous nous sommes penchés sur les accouchements de 443 590 fumeuses et de 8 653 198 non-fumeuses. Nous voulions étudier les effets du tabagisme sur un vaste échantillon pour ainsi vérifier la validité des résultats des plus petites études.

Qu’avez-vous découvert?

Nous avons constaté que les mères fumeuses s’exposaient à une augmentation de 40 % du risque d’accouchement prématuré et de 50 % du risque de rupture du sac amniotique avant le début de l’accouchement. Le résultat le plus frappant concerne l’augmentation de 130 % du risque de donner naissance à un bébé trop petit pour son stade de développement. Nos données ont confirmé les effets détectés dans des études à plus petite échelle. Nous avons par ailleurs été étonnés de découvrir que le tabagisme réduisait légèrement certains risques gestationnels comme la prééclampsie, qui peut causer des infections ou des saignements de l’utérus et entraîner un accouchement par césarienne. Nous croyons que la plus petite taille des bébés causée par le tabagisme pourrait contribuer à une réduction des saignements et du recours aux césariennes.

Quels conseils aimeriez-vous offrir?

La réduction de certains risques gestationnels associée au tabagisme ne signifie pas que les femmes enceintes doivent commencer à fumer. Donner naissance à un bébé de petite taille comporte des risques importants et peut avoir de graves conséquences sur la santé de l’enfant à long terme. Chez les bébés de faible poids à la naissance, on observe souvent des taux plus élevés de diabète, de maladies cardiaques, d’insuffisance rénale et même de certains cancers plus tard dans la vie. Durant l’enfance, ils sont plus susceptibles de développer des troubles intestinaux et urinaires ainsi que des problèmes pulmonaires et neurologiques. Les mères fumeuses peuvent réduire ces risques en cessant de fumer.

L'étude

L’article « The relation between cigarette smoking with delivery outcomes. An evaluation of a database of more than nine million deliveries », par Ido Feferkorn, Ahmad Badeghiesh, Haitham Baghlaf et Michael H. Dahan, a été publié dans le Journal of Perinatal Medicine.

DOI : https://doi.org/10.1515/jpm-2021-0053


L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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