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L’eau, une denrée rare et coûteuse pour les Alaskiens en région rurale

Certains ménages doivent se contenter de moins de six litres d’eau par personne par jour
Publié: 13 April 2021

La rareté de l’eau n’est pas un problème nouveau dans les régions rurales de l’Alaska, mais les changements climatiques empirent la situation. Selon des chercheurs de l’Université McGill, les solutions durables passent par le recours à d’autres sources d’alimentation en eau, comme la récupération des eaux pluviales et le recyclage des eaux grises, mais aussi par l’abordabilité de l’eau pour les ménages.

Pour la plupart des gens, l’accès à de l’eau propre va de soi, mais pour les habitants des régions rurales alaskiennes, la réalité est souvent tout autre. Lorsqu’il faut payer chaque gallon d’eau, on surveille de près sa consommation, pandémie ou pas.

Une étude publiée dans Environmental Management révèle que dans de nombreuses collectivités rurales d’Alaska, où les emplois se font rares et le revenu des ménages est faible, le coût de l’eau représente un fardeau important.

« En 2017, les habitants d’Anchorage ont payé près de cinq dollars pour 1 000 gallons, alors que ceux des régions plus éloignées ont dû débourser dix fois plus », indique Antonia Sohns, coauteure et doctorante à McGill sous la direction du professeur Jan Adamowski.

Moins de six litres d’eau par jour

En raison du coût élevé de l’eau et de l’approvisionnement difficile, les ménages alaskiens sans accès à l’eau courante utilisent en moyenne 5,7 litres d’eau par personne par jour. Cette quantité est bien inférieure aux 20 litres par personne par jour préconisés par l’Organisation mondiale de la santé et très inférieure aux 110 litres par habitant consommés quotidiennement dans des régions similaires, comme le Nunavut, au Canada.

« L’Arctique subit de plus en plus les effets des changements climatiques, et les ménages ont d’autant plus de mal à combler leurs besoins quotidiens en eau », explique Antonia Sohns.

Ces effets croissants, notamment l’érosion côtière et les ondes de tempête, endommagent les infrastructures et entraînent la contamination de l’eau potable par l’eau salée, mettant ainsi en péril les sources d’eau essentielles aux populations.

« Il faut financer les initiatives visant à contrer les répercussions des changements climatiques sur les réseaux d’alimentation en eau et à appuyer les stratégies adoptées par les collectivités », recommande le professeur Adamowski, du Département de génie des bioressources.

Aucune norme sur la quantité

Il existe des normes sur la qualité de l’eau, mais aucune sur la quantité. Des changements à la réglementation pourraient accroître l’accès à l’eau et améliorer la santé des Alaskiens en région rurale.

Selon les chercheurs, l’adoption de stratégies à l’échelle des ménages et le remplacement des systèmes classiques d’alimentation en eau par d’autres systèmes pourraient faire partie de la solution. Il faudrait alors accroître le financement pour la mise en place de procédés tels que la récupération des eaux pluviales ou le recyclage et la réutilisation des eaux grises.

Les chercheurs ajoutent qu’à défaut de répondre parfaitement aux normes étatiques ou fédérales en matière d’acheminement de l’eau potable, ces solutions pourraient grandement améliorer la qualité de vie de beaucoup de gens. Les gouvernements devraient envisager d’assouplir certaines exigences contraignantes et ainsi permettre la construction de systèmes d’approvisionnement moins coûteux d’ici à la mise en place d’un système parfaitement conforme aux normes.

L’étude souligne également qu’il faudrait, dans les projets d’infrastructure, tenir compte de la taille des collectivités, de leur système de croyance et de leurs préférences. Un accès difficile à l’eau est un problème chronique dans plus de 200 collectivités rurales, dont les résidents sont principalement issus des peuples autochtones de l’Alaska.

« Nous ne pouvons pas négliger les préférences culturelles et les différentes perceptions associées à l’eau. Beaucoup de gens continuent de boire l’eau provenant de sources culturellement très importantes, comme les rivières, les lacs, la glace ou la fonte des neiges. En tenant compte de ces facteurs, nous parviendrons à des solutions résilientes et plus durables », dit Antonia Sohns.

 À propos de l'étude

L’article « Participatory Modeling of Water Vulnerability in Remote Alaskan Households Using Causal Loop Diagrams », par Antonia Sohns, James D. Ford, Jan Adamowski et Brian E. Robinson, a été publié dans le numéro de janvier 2021 de Environmental Management.

DOI : https://doi.org/10.1007/s00267-020-01387-1

 


L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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