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Iniquité énergétique aux États-Unis : les Américains ne sont pas tous logés à la même enseigne

La première étude statistique nationale des variations de consommation énergétique et d’émissions de CO2 selon des critères ethnoraciaux révèle que des inégalités en matière de logement
Publié: 22 November 2021

Aux États-Unis, la consommation énergétique résidentielle est responsable d’environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Une équipe de recherche dirigée par l’Université McGill a analysé des données issues de 60 millions de ménages états-uniens pour déterminer si des facteurs ethnoraciaux avaient une incidence sur les émissions de CO2 provenant de la consommation énergétique des ménages de tout le pays. Paradoxalement, cette étude qui couvre l’ensemble des États-Unis montre que, bien que les demeures situées dans les quartiers blancs soient énergétiquement efficaces, les émissions de CO2 y sont plus élevées que celles des quartiers noirs.

« Notre analyse révèle que sur le plan énergétique, les résidences des quartiers à dominante afro-américaine ont un niveau de rendement inférieur à celui des quartiers blancs. Les émissions de CO2 des quartiers blancs demeurent plus élevées que celles des quartiers noirs, les maisons des quartiers à dominante blanche étant généralement plus grandes », explique Benjamin Goldstein, professeur agrégé au Département de génie des bioressources et auteur principal de l’étude.

Les chercheurs en sont arrivés à ces conclusions en se basant sur des modélisations statistiques ayant pour critères l’âge, le fait d’être propriétaire du domicile, ainsi que la taille des résidences par quartier. Ils précisent également que les politiques historiques de logement, notamment le redlining (ou l’exclusion systématique), une pratique discriminatoire qui consiste à refuser des prêts à des demandeurs des quartiers où les investissements sont jugés risqués, ont touché une écrasante majorité de quartiers afro-américains et y ont empêché les aménagements susceptibles d’y réduire les besoins énergétiques.

« Les maisons des quartiers noirs sont plus anciennes que celles des quartiers blancs et la surface au sol par personne y est moindre. Cela signifie que, dans les quartiers afro-américains, plus de gens vivent dans des espaces restreints, mais que ces espaces sont moins efficaces énergétiquement », complète le Pr Goldstein. Il ajoute que des études à moindre échelle montrent que non seulement les communautés états-uniennes noires vivent souvent dans des demeures moins efficaces sur le plan énergétique, mais que les factures énergétiques y sont en moyenne plus élevées, notamment celles des locataires; les habitants des quartiers concernés sont donc plus exposés à l’insécurité énergétique ou à la pauvreté (p. ex. plus susceptibles d’être déconnectés des services publics ou de devoir renoncer à d’autres dépenses pour en payer les factures).

Mettre fin à l’iniquité énergétique

L’équipe de chercheurs recommande la mise en œuvre aux États-Unis de politiques de logement visant à créer un secteur de la construction de maisons à haute efficacité énergétique. Les chercheurs précisent également que pour résoudre cette problématique énergétique paradoxale, il faut aider les propriétaires et les locataires des communautés non blanches à financer des rénovations énergétiques, et améliorer leur accès aux énergies vertes, tout en mettant simultanément en place des mesures dissuasives pour les gros pollueurs notoires.

« On dénombre 120 millions de maisons aux États-Unis, et à Washington, les décideurs politiques travaillent à un budget d’infrastructures qui se veut à la fois écologique et équitable, explique le Pr Goldstein. Nos découvertes s’inscrivent dans un appel plus large à la justice climatique : les plus gros émetteurs de CO2 doivent prendre les mesures nécessaires pour éviter une catastrophe climatique, particulièrement à l’heure où les dirigeants mondiaux viennent de clore la dernière ronde de négociations sur le climat à la COP26 ».

L’étude

« Racial inequities in household energy efficiency and carbon emissions in the United States: An emissions paradox », par Benjamin Goldstein, Tony Reames et Joshua P. Newell, a été publiée dans Energy Research and Social Science.

DOI: https://doi.org/10.1016/j.erss.2021.102365


L’Université McGill

Fondée en 1821, l’Université McGill accueille des étudiants, des professeurs et des employés d’exception de partout au Canada et du monde entier. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités du Canada et du monde. Établissement d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs, représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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