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Découverte musculaire, vieillissement et mémoire, plus d'autres histoires

Un aperçu des travaux de recherche en cours à l’Université McGill :
Publié: 8 September 2022

muscle

Une découverte ouvre la porte à de meilleurs traitements contre les maladies musculaires

Selon une équipe internationale de chercheurs de l’Université McGill et de l’Université Linné, il serait possible de cibler les plus petits composants du muscle, soit la myosine et l’actine, dans le but d’améliorer l’efficacité des traitements contre les maladies cardiaques et musculaires.

On a longtemps cherché à comprendre la séquence de réactions qui se produisent à l’échelle moléculaire lorsqu’un muscle est activé. À l’intérieur du muscle, des milliards de petites protéines mesurant à peine un cent millième de millimètre chacune, les myosines et les actines, créent de l’énergie cinétique en convertissant le carburant des cellules en phosphate, notamment. Le mécanisme exact de cette conversion avait jusqu’ici échappé aux scientifiques.

« Nous avons cerné le comportement du phosphate, substance produite lorsqu’un muscle est activé, une fois qu’il est libéré par la myosine lors de la contraction musculaire », indique Dilson Rassier, doyen de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université McGill et auteur principal de l’étude. « Le phosphate ne se déplace pas comme on le croyait, et il effectue plusieurs “arrêts” dans la myosine et à sa surface. »

« Nos résultats pourraient avoir des retombées importantes sur le traitement d’affections graves dans lesquelles la myosine joue un rôle central. On pense notamment aux maladies touchant le muscle cardiaque et les muscles du corps, à la propagation des cellules cancéreuses qui formeront de nouvelles tumeurs et à l’invasion des globules rouges humains par le parasite du paludisme », fait remarquer Alf Månsson, co-auteur de l’étude et professeur de physiologie à l’Université Linné.

L’article « Multistep orthophosphate release tunes actomyosin energy transduction », par Luisa Moretto et coll., a été publié dans Nature Communications.

exercise

Déclin cognitif chez les aînés : un lien établi avec la faible masse musculaire

Pour la première fois, des chercheurs de l'Université McGill ont découvert un lien significatif entre la présence d'une faible masse musculaire et un déclin cognitif plus rapide, et que cette association est indépendante de la force musculaire et du niveau d'activité physique. Ces résultats pourraient être utilisés pour aider à identifier les personnes à risque de développer une démence, selon les chercheurs.

Ces travaux de recherche se basaient sur l’étude d’un groupe de 30 000 Canadiens âgés de 65 à 86 ans. Des chercheurs de l’École de nutrition humaine de McGill et du Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications (DeMeC) de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) ont démontré, pour la toute première fois, qu’une faible masse musculaire est associée à un déclin cognitif plus rapide chez les aînés.

« Cette découverte est importante parce que la masse musculaire est un facteur modifiable, c’est-à-dire qu’on peut agir sur celle-ci. L’activité physique, particulièrement les exercices de musculation, et une alimentation saine contenant suffisamment de protéines contribuent au maintien de la masse musculaire au fil des ans », explique Stéphanie Chevalier, qui a dirigé l’étude. « Nos résultats montrent que la mesure des faibles masses musculaires pourrait nous aider à déterminer quelles personnes sont plus susceptibles de connaître un déclin de leurs fonctions cognitives. Nous devrions mesurer les muscles plus souvent dans les cliniques, pas seulement lors d’études. »

L’article « Association of Low Muscle Mass With Cognitive Function During a 3-Year Follow-up Among Adults Aged 65 to 86 Years in the Canadian Longitudinal Study on Aging », par Anne-Julie Tessier et coll., a été publié dans JAMA Network Open.

memory

Une étude jette un nouvel éclairage sur l’effet du vieillissement sur la mémoire

Le vieillissement est souvent associé à un déclin de la mémoire chez les adultes en santé, qui s’amorce dans la quarantaine et persiste jusque dans la vieillesse. Toutefois, ce n’est pas l’âge en tant que tel qui contribue à la détérioration de la mémoire, mais plutôt, vraisemblablement, les effets de l’âge sur le volume de l’hippocampe. Cette structure importante du cerveau participe à la consolidation de l’information, la faisant passer de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme.

Une équipe de chercheurs de l’Université McGill étudie les changements que subissent certaines structures cérébrales tout au long de la vie et leur incidence sur la mémoire. La compréhension de l’effet du vieillissement normal sur la structure et la fonction cérébrales ainsi que sur les facultés cognitives est essentielle à l’établissement d’un point de référence qui pourra être utilisé pour déceler les premiers signes de vieillissement pathologique associé à des affections comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson.

L’équipe a constitué un échantillon de 125 adultes en santé âgés de 19 à 76 ans auxquels elle a demandé de réaliser des tâches de mémoire. Les chercheurs ont constaté que la capacité de se souvenir de façon détaillée d’un visage et de son emplacement était liée à un plus grand volume de l’hippocampe postérieur et de la zone temporale médiane, et que le vieillissement normal était associé à des réductions de volume dans ces régions et à un déficit de la mémoire.

Les chercheurs ont également constaté que la réduction du volume de l’hippocampe postérieur liée à l’âge était associée à une activité réduite dans les réseaux cérébraux en jeu dans la perception, la mémoire et le contrôle cognitif. Les résultats montrent que la mémoire nécessite l’interaction de multiples réseaux cérébraux et mettent en évidence l’effet du vieillissement normal sur les structures cérébrales et la fonction cognitive.

« Nous avons été surpris d’obtenir des résultats aussi précis et tranchés. C’est chose rare en neuroscience et ça témoigne de la robustesse des méthodes et des résultats », indique Maria Natasha Rajah, professeure titulaire au Département de psychiatrie et auteure en chef de l’article.

Les chercheurs du monde entier tentent depuis longtemps de comprendre les différences entre le vieillissement normal et le vieillissement pathologique afin de mieux déceler les signes de troubles neurodégénératifs associés au vieillissement. « Nous espérons que notre travail fera progresser les connaissances sur la mémoire et les déficits du cerveau liés au vieillissement et aux démences », ajoute la Pre Rajah.

L’article « Volume of the posterior hippocampus mediates age-related differences in spatial context memory and is correlated with increased activity in lateral frontal, parietal and occipital regions in healthy aging », par Jamie Snytte et coll., a été publié dans NeuroImage.


L’Université McGill

Fondée en 1821, à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat et se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Institution d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 39 000 étudiants, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 000 étudiants internationaux représentant 30 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.

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