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Découverte d’un reptile marin disparu en forme d’espadon

Le fossile du crâne d’un reptile marin aux faux airs d’espadon, qui vivait il y a 130 millions d’années apporte un nouvel éclairage sur l’évolution des derniers hypercarnivores
Publié: 29 November 2021

Une équipe internationale de chercheurs du Canada, de Colombie et d’Allemagne a découvert un fossile d’un reptile marin inconnu. Le spécimen, un crâne d’un mètre de long remarquablement préservé, appartenait à l’un des derniers ichtyosaures, une espèce ancienne qui présente une ressemblance troublante avec les espadons actuels.

« Il s’agit d’un animal qui a développé une denture adaptée à la prédation de grands animaux », affirme Hans Larsson, directeur du Musée Redpath de l’Université McGill. « Alors que les mâchoires des autres ichtyosaures, dotées de petites dents régulières, étaient adaptées à la prédation de petits animaux, la taille et la répartition des dents de ce saurien ont évolué pour faire de sa mâchoire une redoutable arme de capture de grandes proies, comme de gros poissons ou d’autres reptiles marins. »

« Nous avons décidé d’appeler cette espèce Kyhytysuka, qui signifie “qui coupe avec un objet tranchant”, en langue muisca, en hommage à la civilisation du même nom qui a vécu pendant des millénaires dans le plateau central de la Colombie où le fossile a été découvert », explique Dirley Cortés, doctorante supervisée par Hans Larsson et Carlos Jaramillo.

Reconstitution de Kyhytysuka sachicarum. Début du Crétacé, Colombie. Image : Dirley Cortés

La découverte de cette nouvelle espèce complète les connaissances scientifiques sur l’évolution des ichtyosaures. « Nous avons comparé ce spécimen à d’autres ichtyosaures du Jurassique et du Crétacé et nous avons constaté qu’il s’agissait d’une espèce inconnue », complète Erin Maxwell, du Musée d’histoire naturelle de Stuttgart (et ancienne doctorante au laboratoire de Hans Larsson à McGill). « Cela bouscule notre représentation de l’arbre généalogique des ichtyosaures et donne lieu à de nouvelles hypothèses sur l’évolution de l’espèce ».

Dirley Cortés étudie le crâne de l’ichtyosaure Kyhytysuka. Image : Dirley Cortés

Selon les chercheurs, l’ichtyosaure Kyhytysuka est apparu lors d’une importante période de transition au début du Crétacé. À cette époque, la Terre sort d’une période relativement froide, le niveau des eaux monte et la Pangée se divise en deux masses continentales, l’une au nord, l’autre au sud. La fin du Jurassique est aussi le théâtre d’une extinction de masse qui bouleverse les écosystèmes marins et terrestres. « Les ichtyosaures, qui chassaient en eaux profondes, les plésiosaures à cou court et les crocodiles marins qui peuplaient les nombreux écosystèmes marins du Jurassique laissent place à de nouvelles générations de plésiosaures au long cou, à des tortues marines, à de grands lézards nommés mosasaures et à notre ichtyosaure géant », poursuit Dirley Cortès.

Squelette de l’ichtyosaure Kyhytysuka, comparé à la taille d’un être humain. Les os connus sont représentés en blanc. Image : Dirley Cortés

« Nous découvrons encore de nombreuses autres espèces dans les roches de la zone où nous avons trouvé l’ichtyosaure Kyhytysuka. Notre hypothèse est qu’à cette époque, cette région de Colombie était un haut lieu de biodiversité. Les fossiles nous permettent de mieux comprendre l’évolution des écosystèmes marins pendant cette ère de transition », ajoute-t-elle. Pour les chercheurs, la prochaine étape est la poursuite de l’exploration de la multitude de nouveaux fossiles conservés au Centre de recherche paléontologique de Villa de Leyva, en Colombie. « C’est là que j’ai grandi, et c’est extrêmement gratifiant d’y mener ma recherche », conclut Dirley Cortès.

Video of Kyhytysuka dinosaur animation

Animation en 3D de l’ichtyosaure Kyhytysuka. Image : Dirley Cortés

L'étude

L’article « Reappearance of hypercarnivore ichthyosaurs in the Cretaceous with differentiated dentition: revision of ‘Platypterygiussachicarum (Reptilia: Ichthyosauria, Ophthalmosauridae) of Colombia », par Dirley Cortés, Erin E. Maxwell et Hans C. E. Larsson, a été publié dans le Journal of Systematic Palaeontology.

DOI: https://doi.org/10.1080/14772019.2021.1989507


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