Un programme de recherche de premier cycle offre une précieuse expérience en recherche

Un travail d’été sur le terrain mène une étudiante à coécrire un article publié et à décrocher un poste en génie de l’environnement après l’obtention de son diplôme

Un emploi d’été s’inscrit rarement dans un plan de carrière (« Vous prendrez bien des frites avec votre doctorat? »). Cependant, grâce aux programmes de recherche de premier cycle, Amara Regehr a passé deux étés à acquérir une précieuse expérience en recherche, qui lui a permis de coécrire un article publié par un journal universitaire prestigieux, puis de décrocher un poste enviable après l’obtention de son diplôme, au printemps dernier.

Désormais ingénieure en génie de l’environnement à Boston, Regehr a commencé à participer au programme estival de recherche de premier cycle de la Faculté de génie en 2018. Elle y a collaboré à un projet visant à quantifier les émissions de gaz provenant de puits de pétrole et de gaz abandonnés en Colombie-Britannique, sous la supervision de Mary Kang, professeure adjointe d’ingénierie civile et directrice du Groupe de recherche Subsurface Hydrology and Geochemistry.

Regehr a travaillé en étroite collaboration avec la Prof. Kang à la planification du projet, s’est occupée des réservations de vols et d’hôtels et s’est formée à l’utilisation d’un logiciel de modélisation complexe, avant de se rendre sur le terrain pour collecter des données. Il s’agissait d’un véritable emploi, qui dépassait le cadre de l’apprentissage en classe.

Travail sur le terrain

Une fois arrivés en Colombie-Britannique, Regehr et un collégue étudiant ont parcouru les sites en voiture. Bien que les puits inspectés étaient désaffectés et qu’ils auraient dû être fermés et enterrés rapidement, la plupart étaient laissés à l’abandon ; des gaz et du méthane s’en échappaient depuis des années. « Les organismes de règlementation ont beau tenter de superviser ces travaux, ils ne disposent pas d’effectifs suffisants pour faire appliquer le protocole » explique Regher.

Abandoned oil and gas wells in British Columbia Sa collaboration avec le laboratoire de la professeure Kang s’est poursuivie pendant l’année scolaire, puis elle a été réembauchée dans le cadre du Programme l’été suivant. En compagnie de deux collègues. Regehr s’est rendue de Montréal en Oklahoma au volant d’une voiture chargée d’équipement technique, pour y reproduire la recherche effectuée l’année précédente « Toute une aventure! » s’exclame-t-elle.

La mesure des gaz à effet de serre se fait généralement dans l’atmosphère, sans connaître leur provenance exacte. Personne n’avait mesuré les émissions de méthane aux abords des puits abandonnés avec précision avant que la Prof. Kang ne le fasse à l’aide d’une chambre de flux.

Cet instrument, qui se présente sous forme d’une armature recouverte d’une bâche étanche, munie de ventilateurs qui créent un mouvement d’air et d’un dispositif de mesure des concentrations des gaz collectés. « On sait exactement ce qui sort du puits », explique Regehr.

L’équipe McGilloise a découvert que les fuites annuelles émanant de puits semblables, qui se comptent par millions en Amérique du Nord, sont sous-estimées de 20 % aux États-Unis et de de 150 % au Canada, un pourcentage astronomique. Ces résultats de recherche ont été publiés en décembre dernier dans Environmental Science and Technology.

Regehr espère que la démocratisation des appareils de mesure permettra de surveiller ces puits plus facilement et de les boucher adéquatement.

Stage d’été

Pour Regehr, le dernier semestre d’été universitaire fut bien différent des deux précédents. Quand le Canada a été frappé par la pandémie de COVID-19, Regehr s’est empressée de rentrer chez ses parents, dans la région de Boston, pour y terminer son semestre. C’est là qu’elle a décroché un stage chez CDM Smith, une société d’ingénierie et de construction.

Grâce à sa double citoyenneté, Regehr a pu retourner à Montréal à l’automne 2020 pour y suivre ses derniers cours en ligne en compagnie d’une petite bulle de collègues. « C’était un luxe de pouvoir finir mes études tout en vivant avec mes amis, vu le contexte ». Elle regrette l’absence de cérémonie de remise des diplômes en personne. « Les gens se dispersent si vite. Il faudra organiser une réunion des diplômés » (McGill prévoit des cérémonies de rattrapage pour les anciens étudiants dont la remise de diplôme a eu lieu en ligne pendant la pandémie).

Un emploi dans le domaine des ressources hydriques

CDM Smith a embauché Regehr après l’obtention de son diplôme ; elle travaille désormais sur les ressources hydriques et les problématiques liées au service de l’eau. Son travail consiste à planifier, concevoir et mettre en œuvre des projets environnementaux.

Pour Regehr, le travail de recherche au laboratoire d’hydrologie et de géochimie de la Prof. Kang l’a aidée à obtenir ce poste. « Le nom du laboratoire a vraiment joué en ma faveur », explique-t-elle. « D’une certaine manière, les problématiques des gaz qui émanent du sol et se répandent dans l’air et celles de l’eau qui pénètre dans le sol sont des phases différentes de phénomènes similaires ».

Regehr explique que ses employeurs chez CDM Smith étaient surpris qu’une étudiante de premier cycle comme elle ait acquis autant d’expérience dans l’utilisation du logiciel de modélisation que Regehr avait utilisé à la fois pour sa recherche et dans le cours sur les ressources hydriques donné par la professeure adjointe Susan Gaskin.

« Mon expérience avec la Prof. Kang m’a beaucoup aidée à comprendre le concept d’empreinte écologique et m’a fait m’intéresser aux politiques environnementales », commente Regher. « Maintenant, j’apprends comment les politiques se traduisent concrètement ».

Multiplier les possibilités de collaborer à des projets de recherche pour les étudiants de premier cycle

Ces dernières années, les étudiants de premier cycle de McGill ont eu un nombre croissant d’occasions de participer à des projets de recherche d’envergure. Selon Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint, Études et vie étudiante, ces occasions se multiplieront encore à l’avenir.

« Nous sommes fiers d’être une université de recherche, centrée sur les étudiants, dans laquelle l’enseignement et les apprentissages se fondent sur les dernières découvertes de la recherche », explique-t-il.

Pour M. Labeau, les étudiants de premier cycle qui souhaitent s’essayer à la recherche devraient avoir l’occasion d’évoluer dans ce milieu. L’Université McGill offre une panoplie de programmes conçus pour promouvoir la recherche au premier cycle; ces programmes « permettent aux étudiants de mettre leurs connaissances en pratique en travaillant sur des problématiques de recherche de pointe actuels ».

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