Où êtes-vous allée et à quel programme avez-vous participé?
L’été dernier, juste avant ma première année à l’école de médecine, j’ai eu l’occasion de collaborer avec des travailleurs en santé communautaire auprès d’Autochtones du nord de l’Équateur. Pendant deux mois, j’ai vu combien il était difficile de mettre en place des programmes axés sur les micronutriments. J’ai présenté ma candidature par l’intermédiaire du Programme de bourses en santé mondiale, qui propose divers projets pendant l’été.
Pourquoi avez-vous décidé d’aller à l’étranger et, plus précisément, pourquoi avez-vous choisi de vivre cette expérience?
J’ai toujours aimé voyager, surtout quand je peux vraiment entrer en contact avec une autre culture. J’avais déjà fait des voyages humanitaires, mais je voulais participer à un projet éthique lié à la santé. Comme j’avais suivi un cours d’introduction en santé mondiale, je commençais à comprendre les inégalités en matière de santé qui touchent les populations marginalisées dans le monde, mais on m’a incitée à explorer ce sujet un peu plus en profondeur. J’ai eu la chance unique de me rendre sur place, sous la supervision d’un membre du corps professoral (la Dre Alison Doucet).
Quel a été l’aspect le plus intéressant ou enrichissant de cette expérience?
Nous devions mener des entrevues semi-structurées et animer des groupes de discussion au sein de la population et dans les centres de soins de santé pour tenter de comprendre pourquoi il y a encore des lacunes en micronutriments chez les enfants de moins de cinq ans, et surtout chez les Autochtones, même si des suppléments de micronutriments étaient disponibles. Ces entrevues ont été très instructives, mais, pour ma part, j’ai surtout appris en côtoyant les travailleurs en santé communautaire, en parlant avec eux pendant les repas et dans la voiture pendant nos interventions, et en partageant des repas avec la population locale. J’ai particulièrement aimé présenter les résultats du projet avec les travailleurs en santé communautaire aux autorités sanitaires régionales, qui nous ont écoutés et ont montré qu’elles voulaient travailler en partenariat avec les collectivités autochtones pour améliorer la santé des enfants.
Quel a été l’aspect ou le moment le plus difficile de votre séjour à l’étranger?
Ce projet a été un élément vraiment important de mes études de premier cycle. J’ai travaillé dans un milieu où ma personnalité et mon ouverture d’esprit étaient constamment mises à l’épreuve, surtout quand venait le temps de travailler de façon éthique dans une langue autre que l’anglais et de m’assurer que j’accordais la priorité aux droits des Autochtones à chaque étape du projet. Et face aux difficultés que ces populations devaient surmonter, j’ai pu mieux comprendre pourquoi les efforts de sensibilisation étaient importants.
Avez-vous des anecdotes que vous aimeriez raconter?
Une fois, j’ai voulu imprimer un document au milieu de l’après-midi. Comme les transports en commun sont rares dans ces endroits et que seuls quelques taxis circulent durant la journée, j’ai dû marcher pendant une heure dans la montagne pour imprimer quelques pages. J’ai dû faire ça quelques fois pour aller acheter quelque chose dont j’avais besoin immédiatement ou pour prendre un autobus vers une autre ville. J’ai compris qu’il était vraiment difficile de se déplacer lorsque les transports en commun sont rares.
J’ai passé le plus clair de mon temps à travailler, mais j’ai quand même profité de la magnifique nature de cette partie de l’Équateur. En tissant des liens avec la population locale, j’ai eu la chance extraordinaire de visiter des endroits inaccessibles aux touristes. Un jour, un de nos partenaires locaux a été mon « guide personnel », et nous avons sillonné les montagnes en vélo pendant des heures. Il n’y avait aucun touriste. Ce fut la plus belle visite de toute ma vie.
Qu’avez-vous retiré de l’expérience?
Je crois que cette expérience m’a appris à ne pas porter de jugement et qu’elle m’aidera à définir ma carrière professionnelle. Comme j’étais loin de mes amis et de ma famille, et dans un milieu très différent de Montréal, ce projet n’a pas été facile à réaliser, mais je suis vraiment contente d’avoir pu profiter de l’enseignement de toutes les personnes que j’ai côtoyées.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de McGill qui envisagent d’aller à l’étranger?
Mon professeur, Madhukar Pai, dit toujours qu’on ne peut pas vraiment comprendre les enjeux de santé mondiale et les inégalités sans se rendre sur le terrain et constater la situation par soi-même. Après avoir vécu cette expérience, je peux dire que je suis d’accord avec lui. Les voyages nous donnent l’occasion de concrétiser nos idées et de façonner notre personnalité. Les étudiants au premier cycle sont extrêmement chanceux d’avoir accès à un tel programme et de pouvoir ainsi tisser des liens avec des gens d’autres pays et travailler sur des projets durables en compagnie de superviseurs inspirants.
Quelle est la prochaine étape pour vous?
Je veux obtenir mon diplôme de médecine. Je travaille aussi au démarrage d’un projet en santé mondiale, en collaboration avec une organisation internationale.
Nardin Farag est titulaire d’une bourse en santé mondiale financée par le Fonds Joseph I. Wolfsdorf pour la santé des enfants dans le monde.
Pour en savoir plus sur les possibilités d’apprentissage à l’étranger, visitez le site McGill Abroad. (Facebook et Instagram : @mcgillabroad)