Réponse de la principale

À :  Membres de la communauté mcgilloise

De : Professeure Heather Munroe-Blum, principale et vice-chancelière

Date : Le 13 février 2012

Objet : Rapport de l’Enquête interne sur les événements du 10 novembre 2011 


Je m’adresse à vous afin de commenter le Rapport de l’Enquête interne sur les événements du 10 novembre 2011, élaboré par le professeur Daniel Jutras, doyen de la Faculté de droit, et pour décrire les éléments de réponse que la direction a déjà adoptés ou compte mettre en œuvre.

Mais tout d’abord, j’aimerais profiter de cette occasion pour réfléchir à quelques-unes des qualités fondamentales de la communauté mcgilloise qui font de l’Université un lieu exceptionnel d’apprentissage, d’enseignement, de recherche et de travail. Depuis les événements de l’automne dernier, j’ai eu le privilège d’échanger avec plusieurs membres de la communauté, notamment des professeurs, des étudiants, des employés administratifs et de soutien et les instances dirigeantes de l’Université. De ces échanges sont nées maintes idées et suggestions.

Ces échanges ont rehaussé l’importance que revêt la culture d’ouverture et de respect de notre institution, où il est possible de débattre librement et d’exprimer des points de vue diversifiés. Chacun d’entre nous profite de ce cadre, et chacun d’entre nous a la responsabilité de le promouvoir et de le protéger. La direction se doit d’en faire autant, tout en assurant la sûreté, la sécurité et le bien-être de tous, sur l’un ou l’autre des campus mcgillois.

Dans cet esprit, et au nom de l’Université McGill, je remercie le professeur Jutras de son rapport exhaustif et riche en réflexions. Celui-ci fournit des précisions sur les événements du 10 novembre dernier, ainsi que des indications quant aux mesures à prendre non seulement pour éviter que de telles situations ne se reproduisent, mais pour consolider l’institution et la communauté mcgilloises. Le 10 novembre a été un moment difficile pour l’Université et plusieurs membres de sa communauté, affectant chacun de manière différente. Le rapport du professeur Jutras permet à toute personne qui a vécu ces incidents – et à l’ensemble de la communauté mcgilloise – d’entreprendre une réflexion et d’en tirer des leçons.

Le professeur Jutras conclut son rapport en présentant six recommandations, que j’ai toutes entérinées, chacune d’entre elles trouvant écho chez moi et chez les membres de la direction. Ensemble, nous nous engageons à répondre directement aux préoccupations relevées par le professeur Jutras. Dans certains cas, nous avons entrepris les travaux visant à s’attaquer aux questions urgentes cernées dans le rapport; dans d’autres, nous souhaitons consulter davantage la communauté. 

Dans la suite du présent mémoire, je présente les plans entourant le déploiement de chaque recommandation, ainsi que certaines mesures déjà amorcées ou en voie de l’être.

 

Première recommandation : Les autorités de l’Université devraient organiser un forum ouvert à tous les membres de la communauté universitaire et y participer, afin de discuter de la signification et de la portée des droits à la libre expression et aux réunions pacifiques sur le campus.

L’organisation, par les membres de la communauté universitaire, d’un dialogue sur la portée de la liberté d’expression et des réunions pacifiques sur ses campus ne pourra être que salutaire pour McGill. À la lumière des événements survenus depuis le 10 novembre, notamment la récente occupation du Pavillon James, un tel dialogue est devenu nécessaire. Ainsi, ai-je demandé au professeur Christopher Manfredi, doyen de la Faculté des arts, de diriger cette initiative.

Le professeur Manfredi présidera un forum ouvert et, pour ce faire, il sera épaulé par un groupe consultatif, dont les membres seront nommés par les instances dirigeantes de l’Université, ainsi que par le professeur Manfredi lui-même. Ce groupe sera notamment formé de professeurs, d’étudiants, d’employés administratifs et de soutien ainsi que de diplômés et d’individus engagés au sein de la communauté mcgilloise. Le groupe consultatif conseillera le professeur Manfredi quant à l’élaboration et la planification du forum, lequel comptera un panel d’experts universitaires et une série de rencontres consultatives visant à favoriser une vaste participation de la communauté. À l’issue de ces consultations, nous serons mieux outillés pour examiner certaines questions. De plus, des membres de la direction assisteront à ces forums afin d’entendre les témoignages et les commentaires de la communauté.

Une fois ces consultations terminées, le professeur Manfredi me remettra un rapport sur le déroulement du forum et sur les questions qui y auront été soulevées, que je communiquerai aux instances dirigeantes de l’Université, ainsi qu’à la communauté. Dans le cas où le rapport recommandait l’intégration d’autres changements aux politiques ou aux procédures de l’Université, ceux-ci seront soumis à une évaluation. Je souhaite remercier le professeur Manfredi d’avoir accepté de diriger ce forum ouvert.

Une description plus détaillée du forum ouvert peut être consultée à l’adresse suivante : http://blogs.mcgill.ca/openforum-expression.

 

Deuxième recommandation : Les autorités de l’Université devraient revoir les procédures normalisées d’exploitation du Service de sécurité de McGill, en vue de formuler des directives ou des cadres de travail clairs, relativement aux manifestations et aux occupations sur le campus.

Le Service de sécurité relevant du portefeuille du vice-principal (administration et finances), j’ai demandé à ce dernier d’en étudier les procédures normales d’opération et de me faire part de ses conclusions d’ici le 15 avril 2012. De concert avec son équipe, le vice-principal a entrepris une consultation auprès d’institutions paires de McGill afin d’apprendre de leurs expériences, principalement dans le contexte montréalais. Des modifications seront apportées au besoin. 

Dans son rapport, le professeur Jutras a identifié une préoccupation urgente :

« L’une des conséquences des événements du 10 novembre est que les membres du Service de sécurité de McGill ne sont pas certains de ce qui est attendu d’eux en cas de manifestations, d’occupations et d’autres formes d’action directe sur le campus. Les hauts dirigeants, le corps professoral, les membres du personnel et les étudiants envoient des messages contradictoires. Certains membres de l’équipe de sécurité sont dorénavant réticents à intervenir ou à appeler de l’aide extérieure en cas de situation explosive. Cet état de choses peut présenter un danger et doit être réglé sans délai. »  (p. 39)

Le vice-principal (administration et finances) a été saisi de la question et apporté les précisions qui s’imposaient. Une fois qu’il aura conclu l’examen des procédures normales d’opération du Service de sécurité, il apportera de nouvelles modifications au besoin.

 

Troisième recommandation : Le Service de sécurité devrait intensifier ses activités de partenariat communautaire et établir des canaux de communication fixes avec les différents éléments constituants sur le campus, particulièrement avec des groupes d’étudiants et des organisations communautaires de l’Université. Les autorités de l’Université devraient revoir la filière hiérarchique, la chaîne de commandement et les circuits de communication entre la haute direction et le Service de sécurité.

À ma demande, le vice-principal exécutif et le vice-principal (administration et finances) collaborent ensemble ainsi qu’avec le premier vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante), lorsque les étudiants sont concernés – à la formulation de recommandations visant à resserrer les liens entre le Service de sécurité et les différents membres de l’Université, en particulier les étudiants, le corps professoral et le personnel administratif et de soutien. Leur mandat consiste également à optimiser les relations organisationnelles entre le Service de sécurité et la direction. Dans le cadre de l’élaboration de leurs recommandations, le vice-principal exécutif et le vice-principal (administration et finances) consulteront différents groupes et me remettront leurs propositions d’ici le 15 avril 2012.

 

Quatrième recommandation : Les autorités de l’Université devraient revoir leur réaction immédiate aux événements du 10 novembre du point de vue de la gestion des urgences, et aborder publiquement toute préoccupation que peut susciter cet examen.

Au début de janvier, j’ai formellement demandé aux membres de la direction d’étudier, en ce qui a trait à la gestion des situations d’urgence, la réaction de leur unité respective aux événements du 10 novembre dernier, d’instaurer les mesures qui apparaissent nécessaires et d’établir les plans et les échéanciers visant à combler toute lacune. Leur évaluation, qui comprendra les données qu’ils auront recueillies, me sera remise d’ici le 22 février 2012.

En réponse aux préoccupations soulevées à la suite des événements de l’automne dernier, une première série de mesures a été prise, dont l’utilisation de technologies permettant une communication rapide et efficace avec la communauté, et l’assurance que des agents de sécurité et des membres du personnel seront en mesure de prodiguer les premiers soins lors de situations d’urgence.

 

Cinquième recommandation : Les autorités de l’Université devraient établir des lignes directrices claires accordant le pouvoir de faire appel aux forces policières dans le contexte particulier de manifestations, d’occupations et d’autres formes de protestation civile.

Le vice-principal exécutif et le vice-principal (administration et finances) ont défini un protocole provisoire relatif à cette question. Ce dernier contient des lignes directrices provisoires dont certains éléments pourront être modifiés à l’issue du Forum ouvert. Le vice-principal remettra un protocole officiel d’ici la fin de l’année.

 

Sixième recommandation : Les hauts dirigeants et le Service de sécurité de McGill devraient continuer à tisser des liens avec les autorités des postes de police avoisinants (postes de quartier) et les autorités du SPVM, en vue d’en arriver à une compréhension commune du rôle joué par la police, et particulièrement par son Groupe d’intervention, dans le contexte de manifestations, d’occupations et d’autres formes de protestation civile sur le campus.

Dans le but d’améliorer les communications et de renforcer les liens avec le Service de police de la Ville de Montréal, et notamment avec la police de quartier, le vice-principal (administration et finances) œuvre à l’élaboration d’un plan de suivi détaillant les étapes à franchir pour atteindre cet objectif. Il me soumettra un plan exhaustif à cet effet d’ici le 15 avril 2012. Immédiatement après les incidents du 10 novembre, nous nous sommes attachés à préciser les valeurs et les objectifs de McGill au regard de sa relation avec les autorités policières. Ceci afin d’ouvrir la voie à la communication la plus efficace qui soit et de collaborer avec les services policiers pour instaurer des normes les plus efficaces qui soient pour préserver la sécurité sur nos campus. McGill étant une organisation vaste et complexe située en milieu urbain, le vice-principal et moi-même inviterons le chef du Service de police de la Ville de Montréal à venir nous rencontrer sur nos campus chaque année, afin de faciliter et renforcer notre compréhension mutuelle, ainsi que pour favoriser des relations de travail fructueuses entre la Police de Montréal et la communauté mcgilloise.

Les instances dirigeantes et la communauté mcgilloises seront tenues informées de l’état d’avancement de la mise en œuvre de ces six recommandations.

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