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Une découverte sur la maladie d’Alzheimer pourrait nous rapprocher d’un diagnostic et d’un traitement précoces

Publié: 22 May 2009

Les découvertes de l’Université McGill et de l’Institut Lady Davis contribuent à cibler la molécule causant la maladie

Une découverte réalisée par des chercheurs de l’Université McGill et de l’Institut Lady Davis pour la recherche médicale, affilié à l’Hôpital général juif de Montréal, offre un nouvel espoir de rendre possibles un diagnostic et un traitement précoces de la maladie d’Alzheimer.

Dans une étude publiée le 15 mai dans le Journal of Biological Chemistry, le Dr Hemant Paudel, son étudiant au doctorat Dong Han et les boursiers au postdoctorat Hamid Qureshi et Yifan Lu, indiquent que l’ajout d’un phosphate spécifique à un acide aminé à une protéine clé du cerveau est la cause principale de la maladie d’Alzheimer. L’identification de ce phosphate, un parmi une possibilité de deux douzaines de telles molécules, est susceptible de permettre un diagnostic plus précoce de la maladie d’Alzheimer et, à long terme, le développement de médicaments pour l’empêcher de se déclarer.

La protéine critique, appelée protéine tau, est une partie normale du cerveau et du système nerveux central. Mais chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, les protéines tau deviennent incontrôlables et forment des nœuds qui, avec des plaques séniles, constituent la cause principale de la maladie dégénérative.

Il y a plusieurs années, on a découvert que les protéines tau contenues dans les cerveaux normaux contiennent uniquement trois à quatre phosphates liés, alors que les protéines tau anormales des malades souffrant d’Alzheimer comptent entre 21 et 25 phosphates de plus.

Le Dr Paudel et son équipe ont découvert que l’ajout d’un phosphate spécifique à l’acide aminé Ser202, qui se trouve dans la protéine tau du cerveau, est le principal coupable responsable de la maladie d’Alzheimer.

« Cette étude a un double impact », a déclaré le Dr Paudel, professeur adjoint au Département de neurologie et de neurochirurgie de l’Université McGill et directeur de projet au Centre de recherche sur le vieillissement Bloomfield de l’Institut Lady Davis. « Nous pouvons maintenant effectuer une imagerie du cerveau pendant les toutes premières étapes de la maladie. Nous n’avons pas à chercher divers phosphates tau, seulement ce phosphate spécifique. La possibilité d’un diagnostic précoce est maintenant envisageable. »

« Ensuite, on peut cibler, à l’aide de médicaments, l’enzyme qui place ce phosphate sur la protéine tau, de manière à développer des thérapies. Cette découverte nous indique, pour la première fois, une direction claire vers un diagnostic et un traitement précoces de la maladie d’Alzheimer. »

Le Dr Paudel et ses étudiants ont travaillé pendant des années pour isoler les phosphates qui ne sont pas directement responsables des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Ils ont finalement réussi en étudiant la FTDP-17, une maladie génétique dont les symptômes s’apparentent à ceux de l’Alzheimer, mais qui sont transmis par mutations. En manipulant génétiquement ces mutations, ils ont été en mesure de prouver que le phosphate du Ser202 est presque le seul responsable des anomalies des protéines tau qui causent à la fois la FTDP-17 et la maladie d’Alzheimer.

La maladie entraîne une dégénérescence mentale grave et presque inévitablement la mort, et il n’existe aucune cure, pas même une technique fiable de diagnostic précoce. Aux États-Unis, une personne est diagnostiquée comme atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé toutes les 70 secondes, et les décès causés par la maladie ont connu une impressionnante hausse de 47 pour cent depuis 2000. En raison du vieillissement de la génération des bébé-boumeurs, on prévoit que ces données exploseront encore davantage au cours des prochaines décennies.

On compte plus de 5,3 millions de personnes qui souffrent de la maladie d’Alzheimer aux États-Unis, et plus de 300 000 au Canada. Chacune de ces personnes est confrontée à des années d’incapacité mentale croissante, suivies presque certainement par la mort, sans espoir de traitement. L’Association américaine de la maladie d’Alzheimer considère la présente situation comme une « crise ».

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