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Les effets de la violence psychologique

Avec le temps, la violence psychologique peut causer autant de tort à l’enfant que la violence physique ou la négligence

Publié: 14 October 2015

La violence psychologique peut être aussi néfaste que la violence physique et la négligence, selon une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs de l'Université McGill. Ce constat vient étoffer les données colligées à l’issue d’une recherche précédente en imagerie qui prouve que la douleur psychologique et la douleur physique activent les mêmes parties du cerveau.

Différents types de mauvais traitements, mêmes conséquences

La violence psychologique, qui se traduit notamment par les railleries, l’intimidation, le rejet et l’humiliation, est beaucoup plus courante que la violence physique et la négligence. Selon les estimations de la prévalence dans le monde, environ un tiers des enfants subissent de la violence psychologique. Toutefois, « même si les gens supposent que la violence physique est plus néfaste que d’autres types de violence, nous avons découvert qu’elle est associée à des conséquences semblables », affirme David Vachon, professeur au Département de psychologie de McGill et premier auteur de l’étude. « Ces conséquences sont vastes et vont de l’anxiété et de la dépression au non-respect des règles et à l’agression. » La découverte peut paver la voie à la prise de moyens plus efficaces pour déterminer comment reconnaître et traiter diverses formes de maltraitance envers les enfants.



Les camps d’été accueillent des enfants de tous les horizons

De concert avec son ancien mentor postdoctoral Robert Krueger, David Vachon a utilisé les données d’une étude effectuée par Dante Cicchetti (Université du Minnesota) et Fred Rogosch (Université de Rochester) menée par l’entremise du Centre familial Mount Hope. MM. Cicchetti et Rogosh ont dirigé un camp de recherche estival pendant plus de 20 ans pour étudier des enfants d’âge scolaire âgés de 5 à 13 ans, issus de familles à faible revenu. Environ la moitié des enfants inscrits au camp avaient subi de mauvais traitements et leurs antécédents étaient bien documentés. Divers types de rapports produits sur les enfants par des collègues et conseillers ont servi à évaluer les problèmes psychiatriques et comportementaux, et les conseillers du camp n’ont pas reçu d’information sur les enfants qui avaient subi de mauvais traitements. À l’aide de ces données, David Vachon a étudié 2 300 garçons et filles de diverses origines raciales et ethniques qui ont participé au camp d’été.

Différents types de mauvais traitements ont des effets équivalents, vastes et universels

« Nous avons également testé d’autres hypothèses concernant la maltraitance, ajoute David Vachon, y compris la croyance que chaque type de maltraitance a des conséquences spécifiques et que les mauvais traitements ont des conséquences distinctes chez des filles et garçons de race différente. » Encore une fois, l’étude a mené à des conclusions étonnantes : « Nous avons découvert que ces hypothèses pourraient également être fausses. En fait, il semblerait que différents types de mauvais traitements ont des effets équivalents, vastes et universels ».

Il faut revoir nos croyances sur les mauvais traitements infligés aux enfants

L’étude peut changer considérablement ce que les chercheurs, les cliniciens et le public pensent des mauvais traitements infligés aux enfants. L’une des conclusions, ajoute David Vachon, c’est que le traitement efficace de n’importe quelle forme de maltraitance entraîne probablement des avantages exhaustifs. Une autre conclusion a trait aux stratégies de prévention, lesquelles devraient insister sur la violence psychologique, une forme de cruauté très répandue, beaucoup moins punissable que d’autres types de maltraitance envers les enfants. »

Lorsqu’on lui a parlé des prochaines étapes, David Vachon a répondu : « L’une des éventualités serait d’examiner de quelle façon la maltraitance change la personnalité même - change-t-elle qui nous sommes? Il s’agit d’aller au-delà des symptômes et de se demander si la maltraitance change notre façon de penser, de ressentir et d’agir ».

 

Assessment of the Harmful Psychiatric and Behavioral Effects of Different Forms of Child Maltreatment, David D. Vachon, Robert F. Kruger, Fred Rogosch, Dante Cicchetti, publié dans JAMA Psychiatry.

doi:10.1001/jamapsychiatry.2015.1792

Pour communiquer directement avec le chercheur : dvachon [at] mcgill [dot] ca

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