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La cocaïne : perçue comme une récompense par le cerveau?

Publié: 19 May 2009

Des chercheurs de l’INM et du CUSM ouvrent une nouvelle voie de recherche sur l’addiction à la cocaïne

La cocaïne est l’une des drogues les plus anciennes, et son abus est largement répandu depuis la fin du XIXème siècle. Paradoxalement on connait assez mal ses effets sur le cerveau humain et les mécanismes qui mènent à son addiction. La dernière publication du Dr Marco Leyton, de l’Institut Neurologique de Montréal (INM), du Centre universitaire de santé McGill, et de l’Université McGill, dans le journal Biological Psychiatry du 15 mai 2009 prouve l’existence d’un lien entre cocaïne et circuit cérébral de la récompense, et lie la susceptibilité à l’addiction avec ces mécanismes.

Les résultats de cette étude montrent que la prise nasale de cocaïne active de façon importante la sécrétion de l’hormone dopamine dans une région centrale du cerveau : le striatum. La dopamine est connue pour jouer un rôle crucial dans la réponse du cerveau à la récompense, ainsi que dans la réponse aux drogues addictives.

Cette étude a été réalisée sur dix consommateurs de cocaïne non–dépendants dont chacun a reçu de la cocaïne et un placebo, par voie nasale, sur deux jours de tests bien séparés. Les patients ont subi des tests sanguins avant et après la prise de drogue, plus des analyses par PET scan pour évaluer la diffusion de dopamine dans le cerveau.

« L’intensité de la sécrétion de dopamine suite à la prise de cocaïne est variable selon les personnes. Elle dépend de la quantité de cette drogue que le patient a consommé dans le passé, » explique le Dr Leyton. Plus la consommation du patient a été importante au cours de sa vie, plus son cerveau sécrète de dopamine lors d’une prise ultérieure de cocaine. « Cela indique un lien potentiel entre l’intensité de la réponse du circuit de la récompense et une susceptibilité accrue vers l’addiction, » selon le Dr Leyton.

Si le lien entre l’intensité de la sécrétion de dopamine et la susceptibilité à l’addiction est prouvé, les chercheurs ne savent pas encore dans quel sens il agit. Est-ce la répétition de la stimulation du circuit du plaisir qui induit une addiction, ou est-ce une sensibilité naturelle à l’addiction qui provoque une  sécrétion plus importante de dopamine? La question reste ouverte, d’autant plus que d’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte telle que l’histoire personnelle du patient.

Quelque soit la réponse à cette question, le lien entre dopamine et cocaïne désigne cette hormone comme une cible potentielle  pour des traitements contre l’addiction. Ces derniers nécessiteront des recherches plus poussées pour être mis sur le marché, mais cette étude ouvre une nouvelle voie vers leur réalisation.

Financement

Cette étude a reçu un financement des Instituts de recherche en santé du Canada. ML et CB ont reçu des salaires du Fond de recherche en santé du Québec.

Dr Marco Leyton

Le Dr Marco Leyton est chercheur sur les maladies mentales et l’addiction à l’Institut de recherche du CUSM à l’Institut neurologique de Montréal. Il est également professeur associé de psychiatrie à l’Université McGill.

Partenaires

Cette étude est une collaboration entre plusieurs laboratoires du Centre Universitaire de santé McGill et de l’Université McGill avec les Drs Sylvia M.L. Cox, Chawki Benkelfat, Alain Dagher, J. Scott Delaney, France Durand, Samuel A. McKenzie, Theodore Kolivakis, Kevin F. Casey, Marco Leyton.

À propos de l'INM

L'Institut neurologique de Montréal est un établissement de recherche et d'enseignement de l'Université McGill voué à l'étude du système nerveux et des maladies neurologiques. Fondé en 1934 par le réputé Dr Wilder Penfield, l'INM est l'un des plus grands instituts du genre dans le monde. Les chercheurs de l'INM sont des chefs de file dans les domaines des neurosciences cellulaires et moléculaires, de l'imagerie cérébrale, des neurosciences cognitives, et de l'étude et du traitement de l'épilepsie, de la sclérose en plaques et des troubles neuromusculaires. L'INM et son partenaire clinique, l'Hôpital neurologique de Montréal (HNM), rattaché au Centre universitaire de santé McGill, continuent d'intégrer recherche, soins aux patients et formation. Reconnu comme l'un des plus importants centres de neurosciences du monde, l'INM s'efforce d'appuyer par ses investissements les professeurs, les employés et les étudiants qui mènent des recherches exceptionnelles, prodiguent des soins de pointe avec compassion et préparent la prochaine vague de percées médicales. Par leur grand talent et leur détermination, ces chercheurs sont l'âme de la recherche, clé du progrès des soins médicaux. Un nouveau bâtiment, prolongement de l'aile nord, est en construction; il abritera des installations d'imagerie cérébrale ultramodernes. Une fois la construction achevée et les équipements installés, les scientifiques engagés dans la recherche en imagerie cérébrale à l'INM y formeront un groupe sans équivalent dans le monde.

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et des soins de santé. Établi à Montréal, au Québec, il constitue la base de recherche du CUSM, centre hospitalier universitaire affilié à la Faculté de médecine de l’Université McGill. L’Institut compte plus de 600 chercheurs, près de 1 200 étudiants diplômés et postdoctoraux et plus de 300 laboratoires de recherche consacrés à un large éventail de domaines de recherche, fondamentale et clinique. L’Institut de recherche est à l’avant-garde des connaissances, de l’innovation et de la technologie. La recherche de l’Institut est étroitement liée aux programmes cliniques du CUSM, ce qui permet aux patients de bénéficier directement des connaissances scientifiques les plus avancées. L’Institut de recherche du CUSM est soutenu en partie par le Fonds de la recherche en santé du Québec. Pour de plus amples renseignements, consulter l’adresse www.cusm.ca/research.

 

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