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L’évolution rapide : rien ni personne n’y échappe

Publié: 5 December 2016

L’évolution rapide d’autres espèces est monnaie courante, et bon nombre des manifestations les plus extrêmes découlent de la présence humaine.

La  revue scientifique Philosophical Transactions of the Royal Society B a publié un numéro thématique sur l’évolution rapide, auquel ont collaboré des chercheurs de l’Université McGill en colligeant les études les plus récentes sur le sujet. L’être humain influe sur l’évolution d’autres espèces, et ces changements peuvent avoir des retombées dans ses sociétés. Dans de nombreux cas, l’influence se fait sentir en quelques années ou décennies seulement. La rapidité du phénomène étonne les biologistes.

« Tout ce qui nous entoure est en constante évolution, et ces changements influent sur notre milieu, notre santé et notre bien-être général », affirme Andrew Hendry, professeur au Musée Redpath et au Département de biologie de l’Université McGill, qui a participé à la révision du numéro thématique. 

Lorsque l’être humain fait partie de l’équation, la pression de sélection exercée sur une espèce est souvent très forte, d’où la rapidité de l’évolution. 

Voici, à cet égard, trois exemples éloquents.

Pêche commerciale – Lorsque la pression de sélection est forte en raison des activités de pêche, le poisson subit une évolution l’amenant à se reproduire à un plus jeune âge. Comme il est plus petit à ce moment, sa progéniture est moins nombreuse et de plus petite taille. Or, ce changement risque de réduire le rendement des pêcheries et la durabilité. 

Espèce envahissante – Une espèce qui migre et s’installe dans un nouvel habitat subit une évolution : elle se propage plus rapidement, ce qui se répercute sur les espèces indigènes. Parfois, ces dernières réagissent en évoluant à leur tour; le cas échéant, elles peuvent stopper l’invasion et en atténuer l’impact. 

Urbanisation – Le développement des villes métamorphose notre milieu de bien des façons et peut provoquer l’évolution de nombreuses espèces. Ainsi, les végétaux disperseront moins de graines dans un milieu où foisonne le bitume inhospitalier, les animaux vont acquérir une résistance aux produits chimiques industriels et résidentiels, et les bactéries feront de même à l’égard des antibiotiques.

Les études réunies dans ce numéro thématique pourraient constituer le point de départ d’un examen plus vaste de la question. Comment l’espèce humaine façonne-t-elle l’évolution? Et comment cette évolution influe-t-elle à son tour sur les caractères des espèces, la biodiversité et les « écoservices », ces services que la nature rend à l’être humain en lui fournissant par exemple de la nourriture, de l’eau et de l’air pur?

« L’évolution transforme fondamentalement la façon dont les espèces et les écosystèmes réagissent aux changements environnementaux », explique le Pr Hendry. « C’est donc une variable incontournable dans toute étude sur la biodiversité et les écoservices ». 

L’article « Human influences on evolution, and the ecological and societal consequences », par Kiyoko M. Gotanda, Andrew P. Hendry et Erik Svensson, a été publié dans Philosophical Transactions of the Royal Society B. DOI : doi.org/10.17863/CAM.6418

Cette étude a été financée par le programme de subventions à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

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