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La perte de l’odorat, symptôme précurseur de la maladie d’Alzheimer?

Une découverte prometteuse semble indiquer que des tests de reconnaissance des odeurs pourraient aider les scientifiques à suivre l’évolution de la maladie chez les personnes à risque
Publié: 15 August 2017

Dès les premières pertes de mémoire, il est presque trop tard, puisque les lésions cérébrales associées à la maladie d’Alzheimer évoluent peut-être déjà depuis une vingtaine d’années. C’est pourquoi les scientifiques cherchent à découvrir la façon de déceler la maladie à ses débuts. Leurs travaux donnent maintenant à penser qu’un simple test de reconnaissance des odeurs pourrait permettre de suivre l’évolution de la maladie avant même l’apparition des symptômes, particulièrement chez les personnes à risque.

« Malgré tous les travaux de recherche réalisés dans ce domaine, les scientifiques n’ont encore trouvé aucun traitement efficace contre la maladie d’Alzheimer », souligne le Dr John Breitner, directeur du Centre d’étude sur la prévention de la maladie d’Alzheimer de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas et coauteur d’une étude sur le sujet publiée récemment dans la revue Neurology. « Toutefois, si nous pouvions retarder l’apparition des symptômes de cinq ans seulement, nous pourrions réduire de plus de 50 % la prévalence et la gravité de ces derniers. »

Gomme à bulles ou essence?

Près de 300 personnes âgées de 63 ans en moyenne et à risque de maladie d’Alzheimer (car un de leurs parents en avait souffert) ont été soumises à des tests à choix multiple consistant à gratter et à humer des pastilles afin de reconnaître des odeurs comme celles de la gomme à bulles, de l’essence ou du citron. Cent sujets s’étaient portés volontaires pour subir régulièrement des ponctions lombaires afin de mesurer les concentrations de diverses protéines liées à la maladie d’Alzheimer dans le liquide céphalorachidien.

Les chercheurs ont découvert que les sujets qui avaient le plus de mal à reconnaître les odeurs étaient également ceux dont l’intérêt présenté par les biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer était le plus évident.

« Pour la première fois, des chercheurs ont pu démontrer clairement qu’il existe un lien direct entre la perte de la capacité à reconnaître les odeurs et les biomarqueurs qui témoignent de l’évolution de la maladie », affirme Marie-Elyse Lafaille-Magnan, doctorante à l’Université McGill et auteure principale de l’étude. « Depuis plus de 30 ans, les chercheurs étudient le lien qui existe entre la perte de mémoire et la difficulté qu’ont certaines personnes à reconnaître diverses odeurs. Cela semble logique, puisque nous savons que le bulbe olfactif (qui participe à l’odorat) et le cortex entorhinal (qui intervient dans la mémoire et la reconnaissance des odeurs) comptent parmi les premières structures cérébrales touchées par la maladie. »

« Un simple test de reconnaissance des odeurs pourrait donc nous renseigner sur l’évolution de la maladie, tout comme le font actuellement certains tests beaucoup plus effractifs et coûteux portant sur l’analyse du liquide céphalorachidien », affirme Judes Poirier, Ph. D., directeur du Programme de recherche sur le vieillissement, la cognition et la maladie d’Alzheimer de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et coauteur de l’étude. « Toutefois, la difficulté à reconnaître les odeurs est parfois le symptôme de problèmes médicaux autres que la maladie d’Alzheimer et, par conséquent, le test de reconnaissance des odeurs ne doit pas remplacer les tests actuels. »

Les chercheurs reconnaissent cependant que des études beaucoup plus poussées seront nécessaires pour déterminer avec précision la nature du lien entre la perte de la capacité à reconnaître les odeurs au fil du temps et l’évolution de la maladie en soi. À l’heure actuelle, les tests de reconnaissance des odeurs ouvrent simplement une nouvelle piste de recherche aux scientifiques qui s’efforcent de trouver le moyen de déceler la maladie avant l’apparition des symptômes.


L’article « Odor identification as a biomarker of preclinical AD in older adults at risk », par Marie-Elyse Lafaille-Magnan, B. Sc., M. Sc., et coll., a été publié dans la revue Neurology.

Cette étude a été financée par Pfizer Canada, la Fondation canadienne pour l’innovation, le Fonds de recherche du Québec – Santé, la Fondation Lévesque et la Fondation de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Personnes-ressources :

Marie-Elyse Lafaille-Magnan
Institut universitaire en santé mentale Douglas et Université McGill (entrevues en français et en anglais)

john.breitner [at] mcgill.ca (Dr John Breitner), directeur, Centre d’étude sur la prévention de la maladie d’Alzheimer, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en prévention de la démence et titulaire de la Chaire Pfizer de recherche sur la prévention de la démence, Institut universitaire en santé mentale Douglas et Université McGill (entrevues en anglais seulement)

judes.poirier [at] mcgill.ca (Judes Poirier, Ph. D.), directeur, Programme de recherche sur le vieillissement, la cognition et la maladie d’Alzheimer, Institut universitaire en santé mentale Douglas et Université McGill (entrevues en français et en anglais)

katherine.gombay [at] mcgill.ca (Katherine Gombay), Relations avec les médias, Université McGill
Tél. : 514 398-2189

http://www.twitter.com/mcgillu

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