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Comment le Canada peut-il atteindre son objectif de protection de 30 % de son territoire d’ici 2030?

Les résultats d’une nouvelle étude menée à l’Université McGill donnent à penser que la clé pour maximiser notre capacité à protéger l’avenir de la biodiversité résiderait dans la création d’une nouvelle stratégie nationale pour les aires protégées axée sur la riche biodiversité du Canada
Publié: 22 November 2023

Lors de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) tenue l’année dernière à Montréal, le gouvernement du Canada s’est fixé comme objectif de protéger 30 % du territoire terrestre et marin du pays d’ici 2023. Dans une nouvelle étude publiée dans Nature Communications , un groupe de scientifiques de l’Université McGill a cherché à en savoir plus sur le rôle de nos aires protégées dans la préservation des espèces canadiennes, le nombre d’espèces que l’on pourrait sauver si nous arrivions à atteindre l’objectif de 30 % d’ici 2030 et les facteurs qui influent sur notre capacité à protéger les espèces situées dans les nouvelles aires de conservation.

Isaac Eckert, auteur principal de l’étude et doctorant en biologie à l’Université McGill, a répondu à quelques questions.

Par souci de clarté, cette entrevue a été condensée et modifiée.

Qu’avez-vous découvert?

Nous avons découvert qu’actuellement, les aires protégées ne contribuent que dans une faible mesure à la protection des espèces canadiennes. En effet, environ 15 % des plantes, papillons et vertébrés du Canada sont représentés par les aires protégées telles que les parcs nationaux et provinciaux. Bonne nouvelle, toutefois : en protégeant 30 % des zones clés pour la biodiversité, nous pourrions protéger plus de 65 % des espèces. Cela dit, notre capacité à atteindre cet objectif dépend de notre aptitude à coordonner nos efforts de protection dans tout le Canada.

Selon nos conclusions, les stratégies nationales prévoyant la protection des aires les plus importantes pour la biodiversité permettraient de réaliser de grandes avancées. En revanche, les stratégies dans le cadre desquelles 30 % du territoire de chaque écozone, province ou territoire est protégé ne permettraient pas de maintenir la biodiversité dans les nouvelles aires protégées. En effet, en répartissant les nouvelles aires protégées de manière égale aux quatre coins du pays, nous sommes forcés de renoncer à la protection d’un quart de l’ensemble de la biodiversité canadienne, ce qui représente plus de 1 000 espèces.

Comment pouvons-nous protéger la biodiversité au Canada?

Ces résultats semblent indiquer que la clé résiderait dans nos efforts à établir de nouvelles zones axées sur la protection de la biodiversité riche du Canada. Nos conclusions nous permettent de comprendre l’importance de la planification de la conservation sur diverses échelles spatiales et de jeter la lumière sur les défis et les retombées des efforts de collaboration visant à protéger la biodiversité à long terme.

En quoi ces découvertes sont-elles importantes?

Ces découvertes ont le potentiel de définir les stratégies de conservation aux quatre coins du monde. Nous souhaitons exprimer l’importance des stratégies nationales fondées sur les sciences de la biodiversité pour établir de nouvelles aires protégées. Les stratégies de conservation nationales ont plusieurs avantages, notamment lorsqu’il s’agit d’optimiser la protection de la biodiversité, d’unifier les acteurs régionaux autour d’un objectif commun, de proposer des collaborations pangouvernementales telles que la conservation à grande échelle de corridors avec l’initiative « Yellowstone to Yukon » et de simplifier le processus de suivi et de signalement dans l’atteinte des objectifs internationaux. À mesure que les pays entament leur objectif de protection de 30 % de leur territoire d’ici 2030, la compréhension des compromis entre les différentes approches de conservation est essentielle pour protéger la biodiversité et, par ricochet, l’avenir de la vie sur Terre.

L’étude

L’étude « 30×30 biodiversity gains rely on national coordination », par Isaac Eckert, Laura Pollock, et coll., a été publiée dans Nature Communications.

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